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    L'empire QUEBECOR
    et son fondateur Pierre Péladeau (1925-1997)
    par Bernard Bujold
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Album Photos
Le fondateur de Quebecor
Pierre Péladeau
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Chapitre 5
L’art du combat
Jouer et gagner

Pierre Péladeau n’aimait pas les compétitions sportives sauf le tennis.
Il disait avoir été champion du Québec et il nous en faisait la preuve en nous montrant
une photo qui avait été publiée dans l’une de ses biographies, celle de Colette Chabot.

Je suis moi aussi un amateur de tennis et en particulier le tennis professionnel alors que durant les
années 1990, DuMaurier était le commanditaire du tournoi de Montréal.

Je me rappelle encore de ce dimanche après-midi, le 30 juillet 1995, alors que nous étions au
Stade DuMaurier en couple, Pierre Péladeau et son amie du moment et moi avec la mienne.
Nous regardions le match André Agassi contre Pete Sampras et pour une raison
inexplicable, Péladeau avait pris en grippe Agassi et il appuyait Sampras. "Agassi est un voyou avec
ses cheveux longs. Sampras va le laver!"  de dire Péladeau. Sauf que c'est Agassi qui lavait l'autre...

Pierre Péladeau s'est levé au 2e set et il a dit ne pas aimer le match. Il rentrait à Ste-Adèle.
J'ai bien essayé de lui faire saluer la blonde d'Agassi, la belle Brooke Shield, qui était assise à nos
côtés, il ne voulait rien entendre. L’amie qui m’accompagnait était renversée par sa réaction!

En 2005, la situation était renversée. Toute la foule du Stade appuyait André Agassi qui allait
prendre sa retraite après le tournoi de Montréal. On voulait le voir terminer en beauté.
Malheureusement, c'est Rafael Nadal qui a gagné.
Pierre Péladeau n’était plus de ce monde mais il est bien possible qu’il aurait pris en faveur d’Agassi
car il était imprévisible et il aimait les gens qui se battaient pour survivre.
De plus, Agassi n'avait plus de cheveux (crane chauve) et c’est Nadal qui avait l’allure d’un rebelle.
Péladeau détestait les rebelles aux cheveux longs.

Pierre Péladeau n’aimait pas perdre. Je dirais même qu’il était un mauvais perdant. Il agissait
comme un enfant et il pouvait vous bouder si vous l’aviez vaincu.
Il a conservé ce trait de caractère jusqu’à sa mort.

La peur dans les yeux

Péladeau disait jouer pour gagner et il était convaincu que tout se décidait dans la façon de penser
et de regarder l’adversaire.
« Le pire ennemi d’un homme est son impossibilité à contrôler sa peur et à savoir quand reculer et
quand avancer. »

Pierre Péladeau disait que jamais il n’avait eu peur de regarder quelqu’un dans les yeux lorsqu’il
lui adressait la parole, qu’il soit un costaud menaçant ou une simple concierge.

Il racontait souvent l’anecdote de ses marches à Philadelphie (Philadelphia Journal 1977)
alors qu‘il devait traverser un quartier malfamé de la ville pour se rendre à son hôtel.
« Je n’ai jamais été emmerdé par les gangs de rue.
Si on m’accostait, je discutais avec eux et souvent  je leur serrais la main.

J’ai  personnellement pu observer Péladeau agir de la sorte alors qu’il y avait une manifestation
très bruyante en face du siège social de Quebecor. C’était  en septembre 1993.
Le Journal de Montréal était en lock-out pour le renouvellement de la convention collective des
pressiers et le journal était imprimé à Cornwall dans un atelier non syndiqué. On avait assisté
à des actes de violence et on avait même retrouvé de la dynamite dans des casiers
d’employés du Journal. L’hélicoptère de Quebecor avait été installé ailleurs pour éviter
les actes de vandalisme.

Un midi, on est averti qu’une marche de manifestants va se dérouler en face du siège social
du 612 St-Jacques. Le chauffeur était en panique et il dit :
« Monsieur Péladeau, l’heure est très grave. Il va falloir avoir une escorte policière anti-émeute
pour sortir du garage sinon on va se faire lyncher. »
Péladeau traita le chauffeur de peureux et il lui ordonna d’aller se cacher dans la cuisine de
l’étage avec les secrétaires. Il irait manger en face, seul et à pied.

J’ai vu de mes yeux, Pierre Péladeau sortir par la porte principale de l’édifice et se diriger dans
la rue directement vers la foule des manifestants comme si rien ne se passait.

Des gréviste lui demandèrent où il s’en allait comme ça?
« Je m’en vais manger. Vous devriez en faire autant…»
Curieusement les manifestants le saluaient et ils l’appelaient « Monsieur Péladeau ».
Quelques-uns lui offraient même la main que Péladeau acceptait de serrer.
Un pressier qui connaissait Pierre lui donna une accolade et il lui dit :  
"Ce n’est pas de votre faute, c’est votre fils Pierre-Karl qui dirige le Journal.
Il est moins humain que vous. Vous devriez vous en mêler et venir négocier avec nous.
On va régler ça comme durant les belles années.»

Péladeau leur dit "qu’il allait y penser mais pour le moment, il devait les quitter pour aller à
son rendez-vous, une nouvelle blonde…"

Pierre-Karl Péladeau fut, quelque temps plus tard, nommé en charge des Imprimeries Quebecor
en Europe et un autre dirigeant fut envoyé au Journal de Montréal

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